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mardi 7 avril 2009
"POUR VIVRE LE PRÉSENT IL FAUT ÊTRE VIDE"
Ai-je rêvé? Non j'ai bien entendu ces mots de la bouche de Michel Vaujour,
entre la poire et le fromage, au cours d'une interview sur France 2 par
Elise Lucet,
"Braqueur récidiviste, Michel Vaujour a passé vingt-sept ans en prison dont
dix-sept à l'isolement, quartier de haute surveillance. Il s'est fait la
belle à cinq reprises, la légende ayant retenu son évasion de la Santé en
1986, par hélicoptère, avec l'aide de sa compagne Nadine. Quatre mois plus
tard, il est repris lors d'un braquage qui dégénère en fusillade, au cours
de laquelle il prend une balle dans la tête. Hémiplégique, il se rééduque
seul et bénéficie, en 2003, d'une modification de la loi sur les conditions
d'obtention d'une libération conditionnelle. Il se voit accorder une remise
de peine de seize ans."
Pour répondre aux questions du journaliste, Michel Vaujour tente
d'expliquer "comment il a puisé des forces en lui, comment il a perdu " la
capacité de la joie", comment il provoquait des situations limites parce que
la seule chose qui le faisait vibrer, "c'était la mort", comment il s'est
réinventé "par le voyage intérieur". Il parle de "la beauté de ce qui nous
est offert". Des yeux bleus, une émotion qui affleure, une puissance
spirituelle qui impressionne l'écran…
LE MONDE | 07.04.09 | 15h44
…il parle de la concentration sur un point unique, le regard braqué vers
l'intérieur, Élise Lucet s'exclame "Mais alors, vous êtes un moine zen!"
L'homme se contente de sourire, il s'est libéré de tous liens, y compris des
plus tenaces: les labellisations.
"Ne me libérez pas, je m'en charge" : portrait du détenu en geôlier de
lui-même, un film de Fabienne Godet à ne pas manquer.
Michel Vaujour vient à point pour m'aider à formuler ce que signifie le
titre de ce blog, Recherche dans le Vide.
La toile est l'espace virtuel dans lequel tout peut s'inscrire. Le vide est
la condition première pour que n'importe quoi puisse s'afficher. Sans le
vide de la page blanche, rien ne pourrait apparaître. Sans le vide
galactique, pas d'étoiles, de planètes, de galaxies, d'univers et donc, ni
terre, ni humains, ni quoique ce soit. Dans le plein rien ne peut être
ajouté, ni le boire, ni le manger, ni le bébé,rien ne peut advenir, pas de
place pour l'existence phénoménale.
Ce qui est vrai pour le monde physique l'est également pour l'espace de la
conscience. Si notre esprit était bourré de pensées, il n'y aurait pas de
place pour la moindre idée nouvelle, pas de création, pas d'ouverture,
aucune fenêtre sur l'immensité, pas de nuit étoilée, que du plein! Un
cauchemar en béton.
Dans une pièce entièrement bourrée de meubles on ne pourrait chercher ni
trouver le moindre objet.
Le Vide est donc non seulement précieux mais indispensable, et cependant,
pour beaucoup d'entre nous, y faire face ressemble à une "mise en abîme", la
terreur, le néant, la mort… C'est ainsi que dans notre refus d'affronter le
silence mental, nous vivons parasités par des pensées incessantes, ce que
certains appellent "la voix dans notre tête".
Faut-il donc être en prison, en quartier de haute surveillance, dans la
solitude, le silence, coupé de toute stimulation sensorielle, de toute
affection, de toute forme de vie pour affronter le vide? Faut-il être un
moine bouddhiste en retraite dans le noir comme cela se pratique dans la
recherche spirituelle?
Non. Laisser le flot des pensées s'écouler sans y prêter attention est une
possibilité à la portée de chacun, le moyen et l'occasion d'être présent ici
et maintenant au lieu d'être perdu dans ses pensées. Des pensées pour la
plupart futiles —vaines comme dirait l'Ecclésiaste.
Si l'on en croit l'expérience de Michel Vaujour, et celle de bien des
chercheurs spirituels, pour réaliser combien il est merveilleux d'être
vivant "il faut vivre au présent, et pour vivre au présent il faut être
vide".
Tel est le fin mot de l'histoire qui débouche sur… devinez quoi?
La Recherche dans le Vide, et peut-être bien aussi sur le bonheur de vivre
même avec le minimum vital et en période de crise!
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Histoire intéressante... Comme quoi, il semblerait toujours y avoir moyen de transformer une tuile en opportunité, comme nous le disent les livres de "self-help" américains. Meme l'enfermement (pourtant peu réputé pour ses vertues éducatives) peut être une voie vers l'éveil. Enfin il a du mérite, le bougre, parcequ'aprés 5 évasions, ils ont pas du lui faire la vie facile... Enfin comme on sait... c'est pas la facilité qui mène à la sagesse (enfin on espère, héhé).
RépondreSupprimerQuant au vide, c'est surement en en disant rien que j'en parlerai le mieux. Donc...
Tu me sembles, Mathieu JV, comme ces as de l'escrime, être un expert dans l'art de la pirouette pour esquiver toute forme de gravité, et de dévoilement de ta réflexion personnelle.
RépondreSupprimerEnfin, j'espère que tu ne me tiendras pas rigueur de t'avoir cité dans mon dernier message, mais il s'agit là encore d'un de ces traits d'humour sur le Vide dont tu as le secret et qui me dilatent la glotte!
COMMENTAIRE DE L'AMIE ROXANE ENVOYÉ PAR MAIL
RépondreSupprimerLise , j'ai jubilé aussi en voyant l'interview de cet homme, car simplement, (et au prix de bcp. de persévérance, c'est sur), il a réussi ce que nous autres (?!) cherchons aussi à réussir dans le courant du vaste monde, avec toutes les attachements et tentations qui nous sollicitent.
C'est beau de voir un homme comme ça et "sentir" en lui, presque "malgré lui" cette liberté de tout et une forme aérienne de bonté.. Tu te rends compte, transformer une situation si dure en lumière? De l'art de ne pas perdre son temps là où on se trouve !!!!
VIVRE SA VIE, quoi.
Il est vraiment rare, ce type !
Tu sais que Goënka en premier, et après lui beaucoup d'autres maîtres de méditation ont organisé des séances de méditation dans les prisons...Au début j'ai souris, mais si au moins UN sur mille peut en tirer profit....
J'ai été très impressionnée, et beaucoup l'ont été. D'ailleurs, malgré mes moyens plus que réduits, je vais acheter son livre. Il le mérite!
Bisou
Roxane
envoyé par mail:COMMENTAIRE DE L'AMIE FRÉDÉRIQUE
RépondreSupprimerqui n'arrive pas à franchir la barre du "Profil":
"le vide ne peut s'exprimer, puisqu'il est le vide. Le vide, abstraction des pensées. C'est se libérer du conditionnement dans lequel l'être humain subit ses propres structures.
Le vide, porte ouverte a la création."
Frédérique
Gratitude infinie envers tous les êtres de sagesse qui nous font la preuve à chaque instant, qu'il est possible de réaliser un état de conscience et un état d'être libre de l'identification aux pensées, aux émotions, aux douleurs du corps.
RépondreSupprimerCette réalisation n'est possible que si JE a accepté la réalité de la souffrance, accepté que notre esprit est malade. J'en sais quelque chose, j'ai du mal à l'accepter bien que le sachant!
Regarder la maladie en face pour pouvoir en comprendre la cause. Là JE commence à trembler.
Puis je guerrir? Non! et JE le sais, il est condamné, condamné à souffrir la loi des causes et des effets, de l'impermanence, guerrir c'est pouvoir retomber malade. Alors!
Peut être sommes nous des malades de l'imaginaires qui plaçons notre foi en l'absolu, même les non-croyants, dans une réalité qui n'a de preuve d'existance que ce que nos 5 sens -limités-veulent bien nous donner. Et l'imaginaire agité par le désir fait le reste!
Nos sens ont un besoin vital de plein. JE a pour fonction de fabriquer du plein au risque de se dissoudre. Il ne peux donc fabriquer du plein qu'à partir du vide, c'est sa matéria prima. Le désir, l'imaginaire, l'intelligence, les émotions vont servir à barrater sans cesse ce non être pour faire de l'être au risque de dispar'être. On peux donc dire sans abuser que la nature du plein est le vide de forme.
La Recherche dans le vide ne peut produire que de la forme.
Si JE ne cherche plus, peut être pourrai-Je entendre ce que le Vide ha! hà! me dire.
Moi aussi j'ai jubilé, Roxane, en écoutant Michel Vaujour, et j'aime la façon dont tu parles de "cette liberté de tout et d'une forme aérienne de bonté" qui rode comme un parfum autour de cet homme.
RépondreSupprimerD'accord avec toi, Frédérique, tel est bien le cadeau que nous offre le vide quand on ne craint pas de l'accueillir. Il devient silence, nous ramène au moment présent et nous libère du conditionnement et de la voix parasite qui s'impose dans notre tête. Quelle paix! Quel délice...
"La nature du plein est le vide de forme" ce que dit Chris ci-dessus, nous renvoie au sutra du cœur "la forme est vide, le vide est forme", essence de la philosophie du Bouddha qui tient à peine en 108 livres ou peut se résumer en quelques mots:
"Ce qui est, est, ce qui n'est pas n'est pas."
Nous n'ajouterons pas de commentaire à cette formule qui, à première vue, peut paraitre énigmatique ou être interprétée comme une lapalissade. À chacun d'en décider (Hé!Hé!)
J'ai vraiment adoré cet article, très bien écrit au fait.
RépondreSupprimerCesse de flatterie pour passer à la réflexion de ton article. Pourquoi avons nous si peur du vide ? Les plus cupides diront que c'est stupide. Les plus critiques diront que c'est parce que c'est insipide. Et les nutritionnistes penseront que c'est dut au manque de lipides...
Je m'emporte...
Le vide n'est autre que ce que l'on ne peut imaginer ou concevoir. Avec l'aide des cinq sens, on matérialise et définit tous ce qui nous entoure. On l'extrapole de temps en temps dans notre imagination. Il n'en reste pas moins que ce cadre au norme et contour net nous est bien plus rassurant.
Ce qui nous est inconnu nous fait peur, c'est bien connu.
D'où le prêche de certains grands philosophes de notre époque: Ne montez pas en voiture avec quelqu'un que vous ne connaissez pas !
Salut, SaveNow!
RépondreSupprimerAlors, toi aussi tu es tombé dedans!
C'est vertigineux le vide, ça nous interpelle, ça nous fait peur, ça nous attire, en fait c'est comme la liberté, on trépigne pour l'obtenir mais on part en courant dés qu'elle se pointe. Tu dis vrai, l'ami, le monde conventionnel de nos idées reçues —bien gravées dans notre disquette crânienne— est tout ce que nous connaissons et le connu est peut-être rassurant mais il ne nous rend pas heureux.
Le Vide c'est l'espace de la conscience sans bla-bla, sans repères, sans limites, c'est l'intemporel, la réalité sans voile, nue et crue, mais qui en veut?
Et cependant, il suffit d'écouter Michel Vaujour et de voir sa tronche cinq minutes, pour comprendre que c'est un homme heureux, en paix avec lui-même et avec le monde, libre des conventions, des repères, du passé, des projections. Il a balancé la radio qui jacasse dans la tête de Tout-Un-Chacun pour écouter le silence. Voilà tout.
Maintenant, il peut passer le reste de sa vie à aimer la Vie, quoiqu'elle lui apporte, et il peut dire:
"Ne me libérez pas, je m'en charge."
Je crois que tu as trouvé ton propre dalaï lama ... :)
RépondreSupprimerMais j'avoue avoir éprouvé un petit frisson en lisant ton dernier message...
Le "Vide", comme tu l'écrit est sans doute ce qu'il y a de plus vaste et en même temps de plus dur à obtenir.
Quelle énorme introspection a dut être nécessaire, quel force d'esprit afin de renoncer à tout le "Plein" du monde afin de toucher et d'acquérir ce niveau de conscience...
Michel Vaujour... l'envier serait contraire à sa pensée... Mais quand même... je l'envie...
Je ne sais pas bien, SaveNow, ce que tu entends par "tu as trouvé ton propre Dalai Lama". Le vrai, l'unique, je l'ai rencontré à plusieurs reprises et j'ai connu le genre de frisson que l'on éprouve devant un être de sagesse, de bonté et de compassion sans bornes. J'ai promis, à Mélina (lire son commentaire) de raconter ma première rencontre avec le Dalai Lama. Je tiendrai parole.
RépondreSupprimerPour en venir à ta réflexion sur le vide, il est en effet difficile de rompre avec les fausses conceptions lourdement implantées par l'éducation dés l'age tendre, mais il importe de savoir que le vide ne s'obtient pas, il nous habite comme il habite la presque totalité de l'Univers. Il occupe la majeure partie de chacune des cellules de notre corps, de chacun des neurones de notre cerveau.
Écoutons ce que nous dit l'astrophysicien Carl Sagan:
"Le cosmos est principalement vide...Lâchés au hasard dans le Cosmos, notre chance de nous trouver sur une planète, ou à proximité d'une planète, ne serait même pas de une sur un milliard de billions de billions(10 puissance 33, un 1 suivi de 33 zéros)... Les mondes sont précieux."
Et rares. C'est pourquoi notre Terre est à aimer et à protéger sans faillir.
J'aime rapprocher cette information de celle que propose la tradition bouddhique pour donner une échelle comparative de la valeur et de la rareté que représente le fait de naître sous forme humaine dotée d'une conscience.
"Les chances de naître doté d'un corps et d'une conscience humains sont comparables à celles qu'aurait une tortue en orbite dans l'espace, d'introduire sa tête dans un anneau d'or tournant en sens inverse et croisé une fois tous les cent ans."
Pas évident n'est-ce pas?
Oui, SaveNow, l'introspection et la force d'esprit, ces caractéristiques proprement humaines, sont nécessaires pour connaitre la paix et le bonheur auxquels Michel Vaujour a atteint, il les a payé de ce prix, mais la souffrance ne coûte-t-elle pas plus cher?
Allez, ne nous contentons pas de l'envier, souhaitons-nous bonne route!
Je voulais parler avec mon histoire du Dalaï-Lama, qui tombe à présent un peu à l'eau ..., que comme beaucoup de personnes m'ont conté, le Dalaï Lama dégage une aura.
RépondreSupprimerUne sorte de présence d'esprit qui vous retourne tout votre être. Vous et tous les aprioris ou idées reçues qu'il est possible d'avoir...
En somme, tu as rencontré ce phénomène avec Michel Vaujour.
Pour le Vide, il est bien sur autour de nous, nous constitue, la matière étant elle même du vide mélangé avec de la matière qui cette dernière est elle même du vide...
Mais là où la tâche devient plus ardue, c'est dans la force nécessaire afin de s'approprier ce Vide.
Pas de l'avoir. Le Vide est universelle, mais de disposer de ce Vide. Une sorte de conscience de conscience du Vide.
C'est un peu comme avoir un super pouvoir mais sans savoir comment l'utiliser.
Le Vide en lui même n'est ainsi pas compliqué. Ni même le fait de trouver ce Vide, ce qui mérite le plus de force et d'accepter ce Vide.
D'oublier le trop Plein qu'on a jusqu'alors connu afin de nous déverser dans le Vide.
Comment donc renoncer à tous ce qui dans le Plein nous facilite la vie et nous permet de fournir moins d'effort ?
C'est là où ça coince: Nous sommes des branleurs.
Des fainéants absolue dont le concept même de flegme nous épuise...
C'est pourquoi souvent les grands esprits ont été des personnes exilé ou enfermé de force.
La volonté propre d'accès à cet état de conscience est très rare...
C'est en cela que c'est désolant...
Désolant et merveilleux à la fois.
Assez pensé pour aujourd'hui, un peu de culture Bob l'épongelistique ne me ferait pas de mal... :)
Tu as raison, cessons de l'envier pour avancer...
Très juste même...