vendredi 22 janvier 2021

 

Voici l'un de mes écrits publié le 10/08/2013 par  sunyatazenconseil, un Blog remarquable dédié à la pratique du Zen, créé par l'un des disciples de Taisen Deshimaru dont vous pouvez voir le commentaire tout en bas (n°2) à propos de ce poème. J'ai découvert que ce blog est en vente et c'est pourquoi je vous offre cette page.

                          Pauvre Descartes     

 

 

 

As-tu connu pauvre Descartes          
Le bonheur d'être nu
Libre de pensées
As-tu goûté
Le grand silence
Miroir des steppes de la conscience
Qu'aucune image ne voile
Que nul concept n'altère
L'exquise nudité
En habit de lumière
L'éminente Présence
Et personne qui soit
 ...

Une houle de miel
D'ineffable douceur
Sillonne lentement
Le canal de ta gorge
La source intarissable
D'une énergie rieuse
Se déverse en ton cœur
Balayant tout désir
Dissolvant toute peur
Une ivresse sublime
T'arrache de ton siège
Tes mains cueillent le jour
Tu danses avec l'espace
Sans poids sans dimension
Tu danses en plénitude
Et te prosternes émerveillé
Devant les prodiges
De la Création 


 

Pauvre René Descartes
Toute ta vie durant
À nourrir des concepts
Dans un questionnement
«Suis-je ou ne suis-je pas?»
Tu n'as fait que des vagues
Sur une mer sans fond
Sans bornes sans rivages
Troublant sa transparence
Par de vaines pensées
La vue de sa clarté t'est demeurée
Cachée
Pauvre pauvre Descartes
Tu n'as vu que la lettre
Et l'essentiel t'a échappé
Mais depuis ton séjour
Dans ce monde illusoire
Bien de l'eau a coulé
Sous les ponts et chaussées
D'autres explorateurs du réel
Cherchent dans l'ombre
"Qu'est ceci? Qu'est cela?"
Espérant follement y trouver la lumière
Si tu es de ceux-là
De retour parmi nous
Plus humble moins glorieux
Venu pour t'achever
Veuilles bien cher Descartes
Te pencher sur toi-même
Plus près
Beaucoup plus près
En deçà des pensées
Sans pompe et sans bagage
Sans futur sans passé



 

L'œil au bout de ton nez
Frémissant éveillé
Vois sans plus de discours
Vois sans plus de méthode
Simplement ce qui est
Tel que c'est sans ajout
Laisse l'amour te prendre
Le silence t'étreindre
Lorsque passe invisible
Un ange à pas de loup
Laisse-toi inspirer
Tel un enfant candide
Dénué de tout préjugé
En matière de Vérité
Rien n'égale le vide
Et la spontanéité
 


Un être achevé est dit-on
Une lampe éclairant l'obscurité
De tous les êtres perdus
Dans la jungle de leurs pensées. 



Mais assez parlé
Maintenant c'est à toi de briller.
 
 
 

Lise Medini

Commentaires 
    * 1. brahy Le 07/09/2013
* inspiré
* inspirant
* beau
* doux
* moqueur
* joyeux
* lumineux
* comme toi quoi 



*  
    * 2. sunyata Le 12/08/2013
* J'ai appris que Taisen Deshimaru aimait bien se moquer de l'attitude du penseur de Rodin ; tête penchée vers l'avant, captivée par le flot des pensées ("kontin") ... Pas du tout une attitude d'intelligence ou de sagesse, en tt cas à l'opposé de celle de zazen, nuque étirée et menton rentré ...