jeudi 26 mars 2009

DROIT OU PAS DROIT AU BONHEUR?

DROIT OU PAS DROIT AU BONHEUR ?

A la suite de l'échange de commentaires entre Dominique et Mathieu, j'ai suivi le fil tendu par Dominique, et j'ai découvert la philosophe Jeanne Hersch, dont l'analyse très pertinente des droits de l'homme vaut la peine d'être lue. Cela m'a donné envie de rebondir sur la question.

Pour ma part, je considère que les droits, le Droit, les lois en général, sont une nécessité absolue tant que la conscience humaine demeure au stade juvénile qui caractérise la presque totalité de l'espèce humaine pour le moment.
Nous sommes aveugles à la réalité universelle telle qu'elle est, nous la voyons telle qu'elle parait être, et c'est là la cause fondamentale de tous les abus, injustices, inégalités, manque de fraternité et incapacité d'assumer une liberté à laquelle nous sommes nous-mêmes le seul obstacle.

Cette méconnaissance constitue la racine même de la souffrance, entrainant dans son sillage l'attraction et la répulsion, l'espoir et la crainte, ce melting-pot dans lequel nous tournons en rond depuis la nuit des temps sans trouver la satisfaction espérée.
Il n'y a pas d'issue à un cercle sauf à le rompre. C'est en cela que réside le travail spirituel.
Telle est la philosophie bouddhiste et c'est aussi la mienne. Il s'agit d'une vision du monde qui me parait réaliste car elle tient compte du potentiel humain, voilà pourquoi elle est pleine d'espoir et ne me semble pas s'apparenter à un optimisme béat.

Dans cette perspective, le droit au bonheur est réel, mais par notre méprise collective, nous sommes là encore le seul obstacle à sa réalisation. L'obtenir demeure toujours possible à tout être qui, en s'attelant à la recherche du vrai mode d'existence des phénomènes et de la personne, sort du rêve des apparences pour s'éveiller à la réalité telle qu'elle est. La crainte est alors abolie parce qu'il devient évident qu'il n'y a rien à craindre, et l'espoir n'a plus de raison d'être lorsqu'on connait la complétude et que rien ne manque.

Voilà pourquoi vous avez raison tous les deux, Dominique et Mathieu dans vos commentaires respectifs, car dans le christianisme le bonheur se mérite mais il reste une promesse, un bon (sans heure) à toucher dans un futur hypothétique dans "un monde meilleur", à condition d'avoir vécu comme une personne vertueuse (hélas, combien d'entre nous toucherons le pompon?)
Alors que dans la philosophie bouddhiste, peut-être aussi dans le soufisme (Quel ou quelle amie Anne Onyme voudra bien nous éclairer sur cette tradition ?) le bonheur se mérite par l'investigation, l'analyse, la méditation, outils qui offrent la possibilité de l'expérimenter dans cette vie, comme tant d'éveillés célèbres, tel le Bouddha et bien d'autres à sa suite, l'ont réalisé.
Les dernières avancées de la science dans le domaine quantique représentent un pas en avant vers la levée du voile qui obstrue notre vue du réel et un grand espoir pour l'humanité.
Qui nous éclairera sur l'univers des quanta? Ceci est un appel à témoin scientifique!
Affaire à suivre.

2 commentaires:

  1. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  2. Reçu par email une note de Anne Onyme pour rèpondre à mon appel à témoin soufi pour répondre à notre interrogation sur la position du soufisme quant au droit au bonheur. Elle nous recommande Éric Jeoffroy en ces termes:
    "L'auteur est un ami de grande spiritualité, de grande sagesse et de grande humilité. "
    Voici comment il définit sa tradition.

    "Le soufisme est la dimension intérieure de l’islam sunnite. Prenant sa source dans le Coran et dans la Tradition prophétique, il a souvent été défini comme la « science des états spirituels » dont la maîtrise doit permettre à l’initié de dépasser son ego pour parvenir à la connaissance et à la contemplation de Dieu. Le soufi aspire à puiser dans l’influx spirituel du prophète, transmis depuis des siècles de maître à disciple, grâce auquel il pourra lutter contre les passions et les illusions qui l’assaillent."

    Eric Geoffroy explique comment s’est formé le soufisme, et comment, au fil des siècles, les grands maîtres ont adapté les doctrines et les pratiques initiatiques aux transformations du monde musulman.

Eric Geoffroy enseigne à l’université Marc Bloch-Strasbourg II. Il est spécialiste du soufisme et de la sainteté en islam et travaille aussi sur la mystique comparée et les enjeux de la spiritualité dans le monde contemporain. Il a publié, entre autres, La sagesse des maîtres soufis (Grasset, 1998), L’instant soufi (Actes sud, 2000), et collaboré à des ouvrages collectifs de référence comme l’Histoire de l’islam et des musulmans en France du Moyen Âge à nos jours. Son prochain essai, L’islam sera spirituel ou ne sera pas, paraîtra au Seuil au printemps.

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